Glossaire


Vocabulaire des termes techniques employés dans l'art de la reliure

A

- Affiner - Coller sur le carton des feuilles de papier ou de parchemin, pour lui donner de la fermeté. on dit : affiner le carton.

- Armes - On donne ce nom à des fers à dorer, ou, pour parler plus correctement, à des plaques sur lesquelles sont gravées en relief des armoiries, qui se tirent avec la presse, et se placent sur le milieu des plats de la couverture.

- Assembleur - Ouvier qui classe les feuilles imprimées, qui doivent former le volume, selon l'ordre des signatures.

- Astérisque - Signe de convention par lequel les imprimeurs marquent les cartons. C'est ordinairement une étoile placée à côté de la signature.

B

- Basane - Peau de mouton tannée que les relieurs emploient pour les reliures communes; on les prépare avec tant de perfection et imitant si bien le veau qu'on est quelquefois trompé au premier coup d'oeil.

- Battée - C'est une pincée de feuilles que le relieur prend pour la battre avec le marteau ; le nombre de feuilles de chaque battée est indéterminé ; cependant il est d'autant moindre que l'ouvrage doit être plus soigné.

- Bosses - On donne ce nom à des plaques de laiton, carrées et bombées dans le milieu en demi-sphère, de 3 centimètres de diamètre. On place quatre de ces bosses sur chaque côté de la couverture des gros antiphoniers ; on les fixe par quatre clous de laiton, dont la tête est en dehors et la rivure en dessous, cachée par la garde qu'on colle dessus. on distribue ces quatre plaques à égale distance des coins, et en forme de carré long ; elles servent à garantir la couverture et le dos, puisque c'est sur ces bosses que repose le livre ouvert sur le lutrin. Elle servent aussi à accrocher les bandes de cuir qui maintiennent le livre fermé ; dans ce cas, ces bandes sont posées par-desssus les plaques des bosses, et sur l'autre plat les bosses sont surmontées de crochets dans lesquels les bouts des bandes, qui portent une lame de laiton, s'accrochent.

- Brassée - Tas de feuilles plus considérable que celui qu'on désigne par le mot poignée.

- Brocheuse - Ouvrière qui coud ensemble, selon l'ordre des signatures, toutes les feuilles d'un volume, et qui les couvre d'un papier de couleur.

C

- Cambrer - Lorsqu'on termine le volume par la polissure, l'ouvrier passe le fer à polir sur le plat antérieur des cartons, en allant du dos vers la gouttière, afin de leur donner une légère forme convexe qui les force à s'appliquer plus parfaitement sur les feuilles du volume : cela s'appelle cambrer.

- Camelottes - Ouvrages peu soignés et mal payés. Reliures à la grosse. (Note : ce sens initialement utilisé en reliure, a été ensuite généralisé dans le langage commun).

- Carton - Les imprimeurs donnent ce nom à un feuillet qui renfermait des fautes importantes, et qu'on a réimprimé à part afin de le substituer au feuillet défectueux qu'on doit supprimer ; ce feuillet est toujours marqué d'un astérisque.

- Casse - Boîte du compositeur typographe, qui renferme toutes les lettres de l'alphabet.

- Chaînette - C'est une sorte de boucle que la couseuse fait avec le fil qui sert à coudre les cahiers formés de feuilles, ou bien la broocheuse, en les cousant l'un sur l'autre ; ces chaînettes se trouvent en tête et en queue.

- Cisailles - Gros ciseaux dont on se sert pour enlever le superflu des feuilles, afin de donner plus de grâce au volume broché. Une des branches de la cisaille est fixée sur le bord de l'établi, et l'autre a une poignée par laquelle on la fait mouvoir.

- Coiffe - C'est la partie du livre, l'espèce de bord qui surmonte le dos. le relieur dit qu'un livre est bien ou mal coiffé.

- Coiffer la tranchefile - C'est lorsqu'on fait la coiffe du livre, rabattre la peau sur la tranchefile, en frappant doucement dessus avec le plat du plioir incliné devant soi.

- Collationner, collationnement - Cette opération est commune à l'assembleur, à la plieuse, à la brocheuse et au relieur. lorsque les feuilles sont réunies, on examine si elles sont placées dans l'odre numérique ou alphabétique des signatures, si toutes s'y trouvent, ou s'il n'y a pas de transpositions : dans le cas contraire on répare toutes les fautes.

- Corps (mettre par) - C'est une expression dont l'assembleur se sert pour désigner qu'il réunit toutes les parties d'un volume ou même de tous les volumes d'un ouvrage.

D

- Déborder - Frapper à petits coups avec le marteau sur les bords, en sorte que la main qui le tient soit en dedans du volume pour toucher plus sûrement et éviter de couper les cahiers.

- Défets - Ce sont les feuilles qui restent des ouvrages incomplets, après que l'assembleur a réuni tous les volumes complets d'une même édition.

- Doreur sur cuir - C'est l'ouvrier qui dore les plats et le dos des volumes.

- Doreur sur tranches - C'est l'ouvrier qui ne s'occupe que de la dorure de la tranche des volumes.

E

- Egayer la dorure - C'est, en style de mauvais ouvrier, ne pas pousser complètement les filets des mors à leur place ; les faire rentrer sur le dos ; éloigner les filets des entre-nerfs de chaque nerf qu'il devrait toucher, toutes choses qui produisent un effet détestable.

- Encartation, encarter, encart - Ce sont des termes utiliser en brochage.

- Etendoir ou ferlet - Outil commun à l'assembleur et à tous ceux qui sont obligés de faire sécher du papier sur des cordes ; c'est un long liteau en bois, surmonté par un bout d'une traverse d'environ 33 cm de longueur, assemblée dans le manche à tenon et mortaise. On s'en sert pour porter la feuille sur la corde et pour l'enlever lorsqu'elle est sèche.

F

- Fers - Outils de cuivre (aujourd'hui, plutôt en bronze) qui servent à imprimer divers ornements sur la couverture des livres. On leur donne des noms différents, selon les places où on les applique. On les appelle fers à dos, fers à écusson, fers à armes, palettes, roulettes, etc.

- Fouetter et défouetter - Fouetter, c'est serrer le volume couvert, avec des ficelles appelées fouet, entre deux ais, afin de bien marquer les nerfs. Défouetter, c'est enlever les ficelles.

G

- Garde - C'est une feuille de papier que l'on place au commencement et à la fin du volume pour garantir le premier et le dernier feuillet. La feuille est quelquefois pliée en deux, chacune dde la grandeur du format ; d'autres fois, elle est pliée au tiers et quelquefois moins dans la brochure, mais toujours de manière qu'elle ait la hauteur du format.

- Gouttière - C'est le côté du volume opposé au dos.

- Grattoir - C'est une espèce de ciseau armé de dents qui sert à gratter le dos pour faire entrer la colle entre les cahiers.

H

I

J

-Jasper, jaspure - Jasper, c'est peindre la tranche ou la couverture d'un livre en couleur de jaspe. La jaspure est le nom de ce genre de peinture.

- Justification - On désigne par ce mot la longueur des lignes, et la grandeur des pages prises et arrêtées selon le format. (On notera l'extension du terme, depuis le développement de l'informatique et des traitements de texte).

K

L

- Lavrons - Plis des feuilles qui ne se trouvent pas rognées.

- Lignes de pied - La ligne qui se trouve au bas de la première page de chaque feuille d'impression qui forme un cahier, et sur laquelle est placée la signature, quelquefois le titre de l'ouvrage, avec la désignation du tome, se nomme ligne de pied.

 

 

M

- Maculatures (on parle aujourd'hui de macules) - Feuilles de papier qui ont servi à recevoir l'excédent d'encre d'impression, et dont on se sert ensuite pour enveloppe. Se dit aussi d'un fort papier de couleur fabriqué spécialement pour envelopper les papiers blancs.

- Maculer - Se dit d'une impression trop chargée d'encre, ou faite avec une encre trop faible, ou qui n'est pas encore assez sèche lorsque l'ouvrier bat les cahiers. Alors cette encre dépose sur la page adjacente, et l'on dit qu'elle macule, c'est-à-dire qu'elle marque sur le papier blanc.

- Marbreur sur tranches - Ouvrier qui s'occupe de marbrer les tranches de livres, le papier, etc.

- Membrures - Ais qui servent à l'endossement des livres ; ils sont plus épais que les ais ordinaires. Il y en a qui sont couverts d'une bande de fer.

- Mettre par corps ou parcoriser - Réunir dans une même tournée les divers tomes d'un même ouvrage.

N

- Nerfs - On nomme ainsi les ficelles sur lesquelles on coud les cahiers des volumes, et qui forment de petites éminences dans l'espèce de reliure qu'on désigne sous le nom de reliure à nerf. L'espace compris entre deux de ces ficelles s'appelle entre-nerfs. La reliure dans laquelle ces nerfs ne sont pas apparents se nomme reliure à la grecque. Aujourd'hui, il s'agit en fait de faux nerfs, d'autant plus que l'ouvrage est le plus souvent grecqué et donc que les ficelles ne sont plus apparentes. Ces faux nerfs sont réalisés en cuir ou le plus souvent en carton. Ils n'ont plus qu'une vertu décorative.

- Nez - Lorsqu'en cousant un volume, l'ouvrière n'a pas soin de tenir la tête de tous les cahiers dans une ligne parfaitement verticale ; et qu'au contraire ils présents une ligne oblique à l'horizon, alors le volume présente une pointe soit vers le commencement, soit vers la fin. Cette pointe se désigne sous le nom de nez : c'est un grand défaut qui ne peut pas se corriger, même à la rognure, sans tomber dans un défaut plus grand, qui consiste en ce que les marges de la tête vont toujours en diminuant de largeur.

- Noeud de tisserand - Ce noeud est généralement connu. On prend les deux bouts du fil qu'on veut nouer, l'un de la main droite, l'autre de la main gauche ; on les croise sur l'index de la main gauche, en plaçant dessous celui qu'on tient de la main droite, et sans lacher ce fil, on en entoure le pouce de la main gauche pliée : en le faisant passer entre les deux bouts de fil éparpillés entre le pouce et l'index ; on lache la boucle qui était arrêtée sur la phalange du pouce ; on pince l'autre bout entre l'ongle de l'index et le dedans du doigt du milieu ; on tire le long bout du fil qu'on tenait d'abord avec la main droite ; alors serrant bien ce noeud, sans lacher les deux bouts, le noeud est fait.

- Noix - Bosses que, par maladresse, le batteur laisse sur les cahiers en battant le volume.

O

- Onglet - C'est une petite bande de papier qu'on laisse à une feuille pour coller un carton dessus.

P

- Parer (la peau) - Technique sui vise à amincir le cuir pour éviter des bourrelets disgracieux lors du rempliage.

- Pincée - Petit nombre de feuilles, 10 à 12 au plus, que l'assembleur prend à la fois quand il assemble à l'allemande.

- Plieuse - C'est l'ouvrière qui plis les feuilles quand elles sont sorties des mains de l'assembleur, pour les livrer à la brocheuse.

- Plioir - C'est une espèce de couteau à deux tranchants, en bois, en os ou en ivoire, dont la plieuse se sert pour plier les feuilles.

- Pointures - Ce sont deux trous faits dans la feuille imprimée, par deux pointes de fer attachées à la table de la presse de l'imprimeur et qui servent de repère pour tourner la feuille dans l'opération du retirage ; ces trous servent à guider certains plis que doit faire la plieuse.

- Pontuseaux - On nomme ainsi les raies claires qui traversent le papier vergé à 25 ou 30 millimètres de distance, et qui coupent d'équerre d'autres raies très rapprochées et moins transparentes appelées vergeures.

- Pressée - Quantité de voumes que contient à la fois la presse.

Q

R

- Rabaisser (pierre à) - C'est une pierre de liais dont la grandeur est à peu près la moitié de la pierre à parer ; on frappe sur cette pierre les ficelles qui ont servi à coudre les cartons avec le volume, afin de les faire entrer dans l'épaisseur des cartons, et qu'elles ne paraissement pas, soit dans l'intérieur, soit à l'extérieur de la couverture. On devrait appeler cette pierre pierre à abaisser, puisqu'elle sert à aplatir les ficelles et non pas à les rabaisser ; cependant c'est une expression adoptée par les ouvriers.

- Raffiner le carton - C'est coller du côté du mors, une bande de papier plus ou moins large pour le rendre plus propre et plus dur.

- Réclame - Mot qu'on mettait autrefois au bas de la dernière page de chaque cahier et qui était le premier de la page qui commençait le cahier suivant : on n'est plus dans l'usage de mettre des réclames (depuis la fin du 19ème siècle).

- Roulette - Instrument qui sert à pousser les filets dorés sur les livres.

- Relevage - Opération par laquelle l'assembleur retire de dessus les cordes tout ou partie des feuilles qu'il y avait placées pour les faire sécher.

S

- Sauvegarde - C'est une bande de papier de la longueur du volume, qu'on plie en deux et qu'on coud avant la garde du commencement, et après la garde de la fin de chaque volume ; elles servent à garantir les gardes : on les enlève avant de terminer la reliure et au moment de coller les gardes sur les cartons.

- Séchage - C'est l'opération qui se fait soit à l'imprimerie, soit chez l'assembleur, pour faire sécher les feuilles imprimées.

- Signatures - Ce sont, ou des lettres capitales, ou des chiffres, qu'on met au bas de la première page de chaque cahier sur la ligne de pied, à droite, pour faire reconnaître l'odre selon lequel on doit placer les cahiers.

- Signet - C'est un peit ruban de faveur qu'on colle par un bout sous la tranchefile, et qu'on laisse pendre dans le volume pour marquer l'endroit où l'on est resté de sa lecture.

T

- Titre-courant - C'est le titre de l'ouvrage qu'on place ordinairement, moitié sur le verso, et moitié sur le recto de chaque page de l'ouvrage, au-dessus du texe, et hors de la justification.

-Tortiller - C'est l'opération que fait le relieur lorsqu'il veut réunir ou coudre les cartons avec le volume. Après avoir épointé les ficelles, il les mouille avec de la colle, ensuite il les roule sur son tablier avec le plat de la main.

- Train - On nomme ainsi un certain nombre de livres reliés à la fois. On dit : il a fait un train de 30, 100, 500 volumes, etc.

- Tranchefile - C'est la tranche à coudre.

V

- Vergeures - Voir Pontuseaux